Quelle est l'origine du tissu wax ?
- 16 oct., 2021
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Le Wax, qui est aujourd’hui LE tissus représentatif de l’Afrique, vient en réalité d’une terre bien lointaine de ce continent et a une histoire riche et intéressante à travers le temps et à travers le monde.
Tout d’abord, qu’est-ce que le Wax ? Le wax (cire en anglais), également appelé « tissu africain » ou pagne, est un textile de coton ayant reçu sur les deux faces un cirage lui conférant des propriétés hydrophobes, technique inspirée de celle utilisée pour produire le batik javanais. Les cires utilisées sont colorées et forment des motifs qui varient à l'infini dans une recherche esthétique. Le wax est très en vogue en Afrique Subsaharienne, où il sert à confectionner de nombreux habits, dont les pagnes Wax.
Intéressons-nous maintenant à ses origines. Contrairement à ce que l’on peut penser, le tissu wax n’est pas africain à l’origine. Il faut remonter, pour le début de son histoire, aux 17e et 18e siècles. À l’époque, les Hollandais installent des colonies en Indonésie. Mais un siècle plus tard, la population n’accepte toujours pas cet envahisseur et se révolte de façon régulière. Les Hollandais recrutent alors des mercenaires sur les côtes d’Afrique de l’Ouest où ils ont des comptoirs commerciaux. En rentrant dans leurs pays, ces mercenaires rapportent avec eux le tissu typique d’Indonésie : le batik. Et c’est un succès total, que ce soit le peuple ou l’aristocratie, tout le monde souhaite avoir le sien.
Avec la disparition progressive du commerce des esclaves, le pouvoir de l'Empire Ashanti décline à partir de la fin du XVIIIe siècle, et les Missionnaires (chrétiens européens en mission pour développer l’idéologie chrétienne) prennent de plus en plus d'initiatives sur le continent africain. À leur suite, les commerçants néerlandais prennent contact avec les habitants, afin de comprendre leurs préférences et leurs habitudes. Cela leur permet de rattraper leur retard sur les femmes qui détenaient jusque-là le monopole sur ce commerce. Quant aux missionnaires, ils favorisent la diffusion du pagne africain afin de couvrir la nudité de leurs paroissiens, en accord avec les principes moraux qu'ils entendent transmettre.
En 2015, le wax est célébré comme un summum de la mode à travers le monde, porté par des fashionistas comme Lady Gaga ou Rihanna, utilisé par des modistes comme Burberry, Mary Katrantzou ou Agnès B.
Le wax existe en différentes qualités et origines.
La plus prestigieuse est le « wax hollandais » ou « wax néerlandais » provenant des Pays-Bas. Parmi les fabricants de wax de renommée internationale, le plus célèbre est Vlisco, fondé en 1846. Réservant jusque dans les années 1930 ses créations aux élites africaines, puis avec le temps, cette entreprise a petit à petit démocratisé son utilisation et élargi sa clientèle. Cela a parfois fait apparaître quelques tensions, le wax n'étant, de fait, pas un véritable tissu africain, même si les dessins sont inspirés par l'Afrique.
Le « wax anglais », produit de luxe lui aussi, vient du Royaume-Uni. Mais il n'est pas aussi prisé que son homologue néerlandais. En tête de liste de ce savoir-faire, ABC Wax, commercialise ses créations au Togo et au Ghana. On compte également, parmi les fabricants de wax anglais, Calico Printers Association (CPA) de Manchester.
On trouve également du wax fabriqué en Afrique, appelé « wax africain », utilisé pour le prêt-à-porter. Plusieurs pays disposent de leur propre industrie.
L'industrie du wax africain s'est d'abord concentré au Ghana, centre historique de l'engouement pour ce textile, car les firmes néerlandaises et britanniques destinaient exclusivement leurs exportations à ce pays. À l'occasion de l'indépendance, en 1960, le président Kwame Nkrumah instaure de forts droits de douane et monte les premières usines de wax en Afrique, dans le but ainsi, de mettre fin au monopole des Européens.
Au Bénin, il y eut d'abord la Société Dahoméenne de Textile (SODATEX), rebaptisée Société Béninoise de Textile (SOBETEX). Elle produit trois qualités : le wax également appelé chigan, de qualité comparable au wax hollandais ; le védomè, de qualité intermédiaire ; le chivi, qui déteint fortement.
En Côte d’Ivoire, UNIWAX est toujours en activité. L'usine produit également du « print », de qualité moindre. UNIWAX a été rachetée par Vlisco.
Au Niger, on compte l’entreprise nommée Sonitextile à ses débuts, rebaptisée Enitex depuis sa reprise par les nouveaux actionnaires en 1997.
Au Sénégal, les deux principales entreprises de wax sont la SOTIBA et la SIMPAFRIC.
Au Togo, son commerce a d'abord été le fait de quelques familles, qui s'enrichirent ainsi beaucoup. Les femmes les plus en vue de ce commerce furent alors surnommées les « Nanas Benz », en référence aux voitures allemandes qu'elles aimaient s'offrir, mais ça nous, en reparlerons dans un prochain article… ?
On trouve enfin du wax chinois, dont la qualité est parfois décriée car l'apprêt n'est pas durable. Mais cette concurrence fait beaucoup de tort au wax africain, et certaines entreprises ont fermé, faute de demande.
Des motifs plein de significations.
Plus qu’un simple tissu, le pagne est également un véritable langage. Chaque motif a une signification et en le portant, on se dévoile aux autres, tout en faisant passer un message. Par exemple, avec le tissu wax appelé « feuille de gombo » la femme qui le porte met en avant le fait qu’elle a beaucoup épargné pour se l’offrir et qu’elle est quelqu’un qui fait des efforts pour obtenir ce qu’il veut. Un autre classique est l’étoffe « mon mari est capable », en l’arborant la femme africaine montre qu’elle est fière d’avoir un mari attentionné et prospère. À l‘inverse « tu sors, je sors » est destiné à faire passer le message qu’elle sera aussi volage que son époux !
Les motifs des wax sont donc très variés. Parmi les motifs les plus appréciés, dont le nom est resté en usage, on peut citer, avec leurs significations :
« L'œil de ma rivale » : le contexte familial est épineux entre les co-épouses ; je sollicite de la parole et la prise de position du mari.
« Genito » : je suis une dame bien établie, et j'aime les hommes jeunes.
« Collier de Thérèse » ou « ongles de Thérèse » : en référence à Marie-Thérèse Houphouët-Boigny, épouse élégante et raffinée du premier président ivoirien.
« Le sac de Michelle Obama » et « les chaussures de Michelle Obama » : motifs Vlisco sortis à l'occasion de la tournée de la première dame Américaine en 2013.
« Z’yeux voient, bouche ne parle pas » : par le maintien de la discrétion, règle de savoir-vivre, j'invite à peser toutefois l'ampleur de vos actes.
« Fleur de mariage » : pagne avec des fleurs d'hibiscus.
Comme vous le voyez avec l’exemple du sac de Michelle Obama, cette tradition continue de vivre et se réinvente avec le temps.